Résumé d'une conférence du Docteur Gérard Salem, Psychiatre FMH, Thérapeute de famille
dans le cadre d'une conférence de l'Ecole des Parents de Lausanne
Chez beaucoup d’espèces animales, auxquelles nous appartenons, les petits sont beaucoup plus vite indépendants que le petit d’homme, qui lui, met 20 ans pour être debout. Ce constat doit être présent à l’esprit de chaque couple qui se marie. Nous, mammifères, sommes motivés pour être attachés et dépendants. Nous avons besoin les uns des autres pour nous nourrir, pour vivre… Pourtant, le développement du culte de l’individu est de plus en plus fort. En se développant, il favorise l’oubli de cette dépendance. On a transmis à nos adolescents avec des discours comme le savoir lâcher-prise, se détacher, penser à soi, apprendre à s’aimer soi… comme si la relation humaine procédait de l’individu alors que l’humanité ne pourrait exister sans dépendance.
Les petits enfants font beaucoup d’expériences agréables dès la naissance et qui se prolongent dans l’enfance. En général, les fameuses 6 premières années sont sympas. Beaucoup de choses se jouent avant et après cet âge.
Puis, au moment de l’adolescence, dès la puberté, il y a un démarrage d’expériences déroutantes :
L’adolescent est très sensible à toute remarque désobligeante. Il a une capacité de partager, une grande intensité de sentiments… On sait maintenant, grâce aux nombreuses études qui ont été faites que les adolescents ont des cerveaux particuliers qui expliquent leur comportement. Pendant qu’ils grandissent ils sont en état de désordre mental normal.
L’adolescent est plus obsédé par la façon dont il est vu par les autres que par la façon dont il se voit.
L’adolescence est aussi le passage-clé de la dépendance vers l’indépendance relative. On ne devient jamais totalement indépendant.
Certains adolescents sont accablés par leur origine, leur famille, qui ne leur laisse pas la possibilité de vivre une adolescence «normale» : pays en guerre, parents à rassurer et qui ne supportent pas de voir leur enfant grandir…
Ainsi, certains enfants utilisent le mensonge ou le mensonge par omission pour se protéger. Le mensonge n’est pas la chose si détestable décriée par les parents : «Quoi ? Tu m’as menti !!! » Comme si eux-mêmes n’avaient jamais menti de leur vie ... Il peut être une donnée provisoire d’information pour se protéger, pour épargner quelqu’un.
Au cours de ces étapes :
Le dédain et le mépris manifesté par l’adolescent: signes de maladresse et moyen efficace pour mettre les autres hors d’eux. C’est une remise en question des règles. Certains parents ont répondu de façon «cool», ce qui peut devenir, pour les adolescents, un obstacle, un empêchement de s’individuer contre.
Elever un enfant c’est aussi lui donner la possibilité de faire ses griffes, de proposer/tenir un défi, de se bagarrer. On a le droit et le devoir d’être exigeant avec eux pour leur apprendre à tenir. Cette individuation contre est une expérience fondamentale.
L’adolescent est dans un malaise face à sa propre agressivité. Il procède par essais et erreurs. C’est à ce moment-là, devant cette agressivité, que les parents lâchent, démissionnent. Or l’enjeu du contre-rejet est très important: en même temps que l’ado a peur de tenir à distance ses parents, il a peur de s’éloigner d’eux, peur d’essayer l’autonomie. Le monde lui fait peur, les exigences de l’école, du travail lui font peur… c’est une peur liée au désir et au besoin de devenir autonome.
Bien souvent elles proviennent de la démission des parents, de l’insuffisance du rôle éducatif. Les parents sont dépassés, épuisés. Pourtant les parents sont les meilleurs éducateurs du monde : ce que dit un père ou une mère a plus d’impact que ce que dit le psy.
La famille doit aider les enfants à se propulser dans le système social. Si l’enfant se sent abandonné, il va lui-même chercher des substituts: des bandes de copains, des gangs qui ont leurs propres lois, leurs propres codes, leurs rituels de détermination du chef et de ses suiveurs, les conduites ou comportement à risques pour lui et ou pour les autres…On débouche alors sur les incivilités urbaines.
La dépendance relationnelle peut être suivie par la dépendance chimique (cannabis – drogues plus dures) ou d’autres formes de conduites à risques comme la boulimie ou l’anorexie, les automutilations, les suicides…
Toutes ces conduites extrêmes, ces comportement à risque, ces attitudes disent que l’adolescent est là et qu’il veut qu’on s’occupe de lui. Ce sont des conduites de perte d’estime, de dépendances affectives. Il est nécessaire d’avoir confiance en ses adolescents, mais il est également nécessaire d’avoir sur eux de l’autorité car sinon, cela peut déboucher sur l’agression des parents ou même l’agression des plus petits frères ou sœurs.
Mais il n’est JAMAIS TROP TARD.
Tout peut toujours recommencer et il est nécessaire de garder la confiance. La famille peut sortir de la chaîne de la honte, du malheur pour aller vers la chaîne de la fierté et du bonheur.
1. Comment faire lorsque les deux adolescents de la maison se disputent avec violence, agressivité et humiliations réciproques?
- Tout d’abord, leur confier des tâches : des tâches sacrées, visibles et qui rendent service : qui débarrassent la table, met la vaisselle dans le lave-vaisselle ? Qui descend la poubelle …
- Etre intolérant par rapport à cet irrespect, cette humiliation et revenir à la charge systématiquement pour éviter qu’ils ne recommencent.
2. Quid de l’enfant qui n’a pas fait d’adolescence ?
C’est un enfant qui a appris à se comporter comme l’adulte veut qu’il se comporte. Un fils qui console ses parents, les filles qui renoncent à leur vie sociale : ce sont les missions cachées de l’adolescent. Le risque est qu’en grandissant l’adulte pourra être bouleversé par un travail, une rencontre particulière…
Les histoires de trahisons familiales s’inscrivent souvent dans cette crise d’adolescence tardive.
3. Comment faire pour régler les problèmes de rivalité dans la fratrie?
Un principe de base : la justice. Il faut de l’étique, en tant que parents nous sommes les garants des relations équitables et justes au sein de la famille.
Et il ne faut pas lâcher les enfants agressifs. Il est important d’être exigent, de rediscuter du problème quand la situation est calmée. On a les deux la responsabilité de la relation
Le résumé de cette conférence a été fait par Isabelle Henzi de l’association Lausanne Famille.
Sur ce site vous trouverez également le sujet de la prochaine conférence, sujet sur lequel vous pouvez poser vos questions par E-mail. Celles-ci seront ensuite posées au conférencier pendant la conférence. De la même façon, les réponses à ces questions seront retransmises sur le site.
Commentaires
je suis mère d'un garçon de presque 20ans et d'une fille de presque 16ans;j'ai de gros soucis avec mon fils qui était un enfant calme,(un peu influençable?) et facile jusqu'à 16-17 ans,nous parents avions peur des sorties précoces (erreur?),avons fait ce qu'on appelle de la prévention,donc avons tenu un peu la bride sans trop d'opposition jusqu'à un certain point..(les résultats scolaires baissaient....).il a pris le droit tout seul ,je l'ai très mal vécu d'où des conflits."trop de limites tuent les limites" m'a-t-il dit
donc j'ai compris mais peut-être trop tard??Depuis il se met en échec sur échec,ne valide plus rien,même pas le niveau bac,pas le code qu'il a passé 5 fois,n'y va plus.
Il vient d'arrêter encore une année scolaire en alternance commerce (il faut dire qu'il a été un peu mené en bâteau par les entreprises et centre de formation)ses ambitions tombent petit à petit mis à part les sorties entre copains (salariés et lycéens)
Nous ne savons plus quelle attitude avoir,je me culpabilise énormément,j'ai l'impression de l'avoir surprotégé tout le temps par Amour!(j'ai vécu une adolescence assez difficile avec un frère dépendant de l'alcool que je protégeais et un presque beau frère qui s'est suicidé à 20 ans!et mes enfants ne le savent pas )
Nous cherchons par tous les moyens de relancer..c'est très difficile car je pense que l'avis des copains qui n'est pas toujours bon le motive plus que le notre.Il aimait le sport(il a son bafa),les langues (term l)donc nous partons en famille à Londres (ce sont les enfants qui ont choisi)et après je pense que c'est à mon mari de le prendre en main car il est trop effacé à mon avis .Nous essayons de le motiver à travailler car c'est ce qu'il semblait vouloir mais sans se lever le matin ou de faire un séjour linguistique.
Pouvez-vous nous aider svp car tout se bouscule dans ma tête,je ne sais plus ce qui est bien ou pas.
merci