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Lectures et Booktubes

Et toi, combien tu lis ?

A l’adolescence, lire ne va pas de soi. A travers des « Booktubes », des prix littéraires, les jeunes trouvent l’envie de s’y remettre.

Les "booktubes", bon pour le plaisir de lire!

C’est souvent à l’épaisseur d’un livre que se mesure la motivation de l’ado.

« Quand il y a trop de pages et que ça ressemble à un dictionnaire, ça peut décourager celui ou celle qui n’a pas l’habitude de lire, admet Christine Pompéï, auteure des Enquêtes de Maëlys et coordinatrice du Prix RTS Littérature Ados. Lire demande des efforts et du temps à un âge où on commence à sortir, à passer une partie de sa vie sur son téléphone portable. »

Quand on grandit, la tête est ailleurs que plongée dans les livres. La lecture n'apparait plus aux ado comme un plaisir à partager mais plutôt comme une activité solitaire qui isolerait et serait presque suspecte aux yeux d’adolescents qui préfèrent à la compagnie des livres, internet, les réseaux sociaux, les séries sur les plateformes vidéo.
Pour eux, le savoir, l’ouverture au monde ne passent plus forcément par la lecture

« Avant, connaître les auteurs classiques était hyper valorisé, observe Vanessa Depallens, assistante-doctorante à la Haute École pédagogique (HEP), à Lausanne et responsable du projet BookTubers au sein des classes vaudoises. Cela permettait d’avoir une culture et de débattre des questions de société. »

Malgré l’apparente désaffection vis-à-vis de la lecture, certains  adolescents lisent plus qu’on ne le pense. « Il y a des passionnés qui dévorent des séries complètes, des livres volumineux, note Mme Depallens. Par contre, ils ne lisent pas ce qu’on leur propose en classe, mais trouvent leur bonheur dans la littérature jeunesse qui s’est beaucoup diversifiée. » A une période où les centres d’intérêt changent, dans un monde où l’image prend le dessus sur l’écrit, il y a des initiatives, des projets qui rendent la lecture plus ludique, qui favorisent le partage et créent du lien. 

Ça se discute

Qui m’aime me lise. Le Prix RTS Littérature Ados permet à tous les jeunes de 13 à 15 ans d’intégrer un comité de lecture via sa classe, une bibliothèque et de débattre des ouvrages en lice. Les plus motivés peuvent espérer rejoindre le jury cantonal et qui sait pourquoi pas le jury final, afin d’élire le ou la lauréat·e.

« Ils sont sept jeunes jurés à se réunir au salon du livre à Genève, précise Mme Pompéï. Echanger autour des livres qu’ils ont aimés, ça leur plaît et ça les motive. »

Cerise sur le gâteau, ils pourront rencontrer l’auteur lors de la remise du prix. Ils ne sont pas les seuls à fréquenter les allées du salon.

Pour sa deuxième édition, le concours BookTubers y a invité les classes participantes pour assister aux résultats. « 15 classes ont réalisé 28 vidéos de 2 minutes maximum, détaille Mme Depallens, à l’origine du projet BookTubers. Les enseignants eux-mêmes formés au booktubing ont appris aux élèves comment résumer un récit, comment argumenter son point de vue, le tout sous la forme d’une vidéo. »

A la différence d’un commentaire écrit sur une simple fiche, le jeune développe une relation à la lecture plus en phase avec son propre univers. « Ils aiment déjà se prendre en photo, parler d’eux, de leurs vacances sur les réseaux, constate Mme Pompéï, également membre du jury BookTubers. Ils ont énormément de talent et d’imagination pour défendre leurs lectures préférées. »

Quel que soit le livre choisi, la BD ou le roman, le jury juge la qualité de l’expression orale, la mise en scène, le montage et la capacité des lecteurs-vidéastes à convaincre.
Cet exercice a pour but d’intégrer le numérique en milieu scolaire et d’établir un autre rapport à la lecture en la sociabilisant.

Toutes les idées sont bienvenues pour la rendre plus vivante et synonyme de plaisir. Quant aux parents, il est conseillé de ne rien imposer, de plutôt laisser traîner des livres en tous genres à la maison et de montrer l’exemple en lisant soi-même. Et de se souvenir que si son ado aimait lire quand il était enfant, il y reviendra tôt ou tard, alors patience et indulgence sont de mise en attendant.

François Jeand’Heur

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