L’époque à laquelle nous vivons se veut être marquée par une volonté de liberté à tout prix. Et un flou artistique règne autour de cette notion de liberté qui, poussée à son paroxysme, peut faire que les parents renoncent à mettre des limites à leurs enfants.
Au nom de l’autonomie et du bien-être des enfants, l’éducation pourrait être relayée au second plan, faisant primer le respect des émotions des enfants.
Et pourtant, savoir dire non est essentiel, car toutes les volontés ne sont pas bonnes.
Le non, l’interdit, l’impossibilité de faire ce que l’on souhaite, a des vertus qui malheureusement sont souvent passées sous silence. Pourtant cette restriction de la liberté est des plus structurantes pour votre enfant. Dire non dès le plus jeune âge, c’est offrir à son enfant des limites, un cadre à ses envies.
Prenons l’exemple d’une balade en pleine montagne : le chemin est balisé par des poteaux qui indiquent les limites à ne pas franchir. Vous n’êtes pas responsable du tracé, vous faites confiance aux personnes qui l’ont fait. Vous êtes libre sur ce chemin mais surtout vous vous sentez en sécurité. Si une autorité compétente à décider de mettre ces limites, c’est qu’elles ont une raison et qu’elle l’a fait pour votre bien.
Avec un enfant c'est la même chose, dire non à son enfant, c’est lui offrir les balises qui forment le chemin. C’est lui indiquer qu’il y a des limites et ainsi le déresponsabiliser pour son bien. En disant non, vous exprimer à votre enfant que quelqu’un veille sur lui.
Dire non, c’est aussi mais surtout fournir les limites aux envies parfois débordantes des enfants. Lorsque vous refusez quelque chose à votre enfant, vous lui transmettez deux messages :
D'abord que vous êtes l’autorité (bienveillante, mais l’enfant ne l’entendra pas à ce moment-là !).
Ensuite, qu’il peut avoir des envies qui ne seront pas réalisées, et que ça n’aura pas de conséquences.
Obtenir satisfaction à toutes ses envies, c’est ne pas expérimenter la frustration.
Pourtant la frustration est essentielle dans la construction de l'enfant. En effet, elle permet d'apprendre qu'une envie peut ne pas être réalisée.
Et éviter que ne se profile alors, le risque que l'enfant devienne esclave d'envies qui le dépassent, un enfant-tyran lui--même en souffrance.
Nous vivons dans des sociétés basées sur l’interaction humaine. Et qui dit interactions dit aussi respect de l’autre. Evoquer ce point vous permet certainement déjà de saisir l’importance de savoir dire non.
La liberté des uns s'arrête où commence celle des autres.
Cette expression si juste de John Stuart Mill doit être notre grille de lecture de l’éducation. Si chacun ne se fiait qu’à sa propre conscience subjective, il serait impossible à l’ensemble de la population de vivre en harmonie. C’est pourquoi les lois et règles existent. Or, pour que votre enfant respecte ces règles sans violence ni frustration, il faut savoir lui dire non dès son plus jeune âge.
En effet, si vous le laissez libre de faire ce qu’il veut, il n’aura aucune connaissance de l’autorité et croira avoir la possibilité de faire ce que bon lui semble.
Dites non dans une optique d’éducation et non de tyrannie,
Chaque non doit s’accompagner d’une explication, pour que l’enfant prenne la pleine mesure de la limite en la comprenant (sinon, il recommencera ses erreurs sans avoir conscience du problème),
Ne dites pas non pour ensuite céder et dire oui, votre enfant pourrait croire qu’il aura le dernier mot en toutes circonstances, et risque de tout relativiser,
Il est donc essentiel que votre enfant atteigne la pleine autonomie et puisse jouir de sa liberté, mais dans le cadre que vous lui aurez imposé.
Et notre société étant faite de lois et de règles, pour le bien commun, le respect de celles-ci est conditionné par le fait de savoir dire non à son enfant dès le début de son éducation.
Voyez donc le non comme un bénéfice pour vos petits, et non comme un outil d’oppression !
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