L'intimité aussi bien physique que psychique contribue au bon développement des enfants. Des parents non intrusifs sauront respecter les limites de leur espace personnel.
Alors qu’il n'avait aucune gêne à se montrer nu quand il était petit, voilà qu’en grandissant il devient pudique, ressent le besoin de s’isoler.
« Un jour, il vous claque la porte de la salle de bains au nez et ne veut plus que vous rentriez lorsqu’il se douche, relève Laurence Bagnoud-Roth, psychologue-psychothérapeute FSP à Therapea Genève. Naturellement et progressivement, il affirme son individualité. »
Même si d’une famille à l’autre, les habitudes peuvent varier, on ne peut ignorer la notion d’intimité.
« En Suisse, les mamans sont devenues plus tactiles qu’avant, mais pour autant elles doivent tenir compte des réactions de leur enfant et ne pas leur imposer des bisous ou tout autre contact physique qui les embarrasse, observe Nicole Capt, psychologue-psychothérapeute FSP, à Chêne-Bougeries. En adaptant notre comportement, on lui permet de marquer son territoire et de gagner de la confiance. »
Une attitude qui l’encourage à ne pas se forcer, à dire oui ou non sans être influencé. Les limites de l'intimité physique valent également sur le plan psychique. Quel que soit leur âge, il faut accepter que les enfants aient leurs propres pensées, opinions et sentiments.
« Grandir signifie se différencier de ses parents, prendre ses distances, note Mme Bagnoud-Roth. A l’adolescence, on se tourne vers ses pairs et c’est à eux que l’on va se confier. »
Une impression d’exclusion pousse certains parents à empiéter sur le jardin secret de leur enfant, à l’espionner, à le suivre sur les réseaux sociaux pour savoir ce qu’il fait, qui il fréquente… Han han, mauvaise idée !
Plus tard, on peut imaginer qu’un enfant considéré dans toute son intégrité physique et émotionnelle fera un adulte plus à l’écoute de lui-même et des autres.
« Si nos parents ont validé nos ressentis, respecté notre sphère privée, ce sera plus facile d’exprimer ce que l’on éprouve dans son futur couple, estime Véronique Schneiter, psychologue psychothérapeute au CTAS, à Carouge. Et l’on se donne plus de chances d’éviter de possibles relations abusives. »
Sans intimité, nos idées, nos croyances sont amputées, car nous ne savons pas ce que nous sommes et ce que nous pensons vraiment.
« Vouloir tout connaître parce que c’est son enfant, son compagnon ou sa compagne s’apparente à de l’inquisition, remarque Mme Capt. Plutôt qu’un rapport de domination, d’autorité, il faut se mettre au même niveau et privilégier l’échange. »
De la fusion maternelle à l’appropriation de son corps et de son esprit, l’enfant se construit chaque jour et finit par bâtir sa personnalité.
« Lui apprendre à cultiver son intimité, c’est le rendre plus libre de manifester ce qui lui plaît ou pas, souligne Mme Schneiter. Il aura ainsi une vision plus claire sur des notions comme celle du consentement. »
La vie de famille n’exclut donc pas le droit à une vie privée que ce soit pour les enfants, mais aussi pour les parents dont l’intimité est souvent mise à mal. De la même façon que l’on frappe à la porte de leur chambre avant d’entrer, on attend d’eux qu'ils ne viennent pas nous envahir à tout bout de champ.
François Jeand’Heur
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