Vous avez dit hypnonaissance ?
Des femmes optent pour cette méthode d'accouchement naturel et sans douleur. Karine Allaman, sage-femme et praticienne en hypnose explique à La Family les raisons de leur choix.
La Family – Aujourd’hui, peu de femmes ont recours à l’hypnonaissance ?
Karine Allaman – En Suisse, l’hypnose médicale est de plus en plus utilisée dans la gestion de la douleur que ce soit par les dentistes, les anesthésistes. En maternité, les choses changent un peu et des femmes cherchent à se préparer autrement au plus beau jour de leur vie.
Qui sont-elles ?
Il y a celles qui ont déjà eu un enfant et qui ont été déçues de la façon dont l’accouchement s’est passé, et qui parfois en gardent un souvenir traumatique. D’autres attendent leur premier bébé, mais elles ont déjà une idée précise et veulent vivre ce moment le plus physiologiquement possible.
C’est-à-dire ?
Beaucoup de femmes qui viennent ont le désir d’accoucher sans péridurale. L’hypnonaissance est un outil qui va leur permettre de gérer elles-mêmes leurs sensations, d’être en lien avec leur corps et leur bébé.
L’hypnonaissance dispense-t-elle de la péridurale ?
Certaines ont été jusqu’au bout sans péridurale. D’autres essaient de faire sans et y ont recours si jamais la douleur est trop présente. Dans tous les cas, cela leur apporte de la confiance et les rassure.
Est-ce la même hypnose employée pour vaincre ses phobies ou pour arrêter de fumer ?
En soi, c’est la même chose. Après cela dépend du thérapeute et de sa méthode. Si on utilise une technique traditionnelle pour arrêter de fumer par exemple, le thérapeute dirige la séance, parle au patient de manière plus directe. Dans l'hypnose ericksonienne que je pratique, je fais des suggestions adaptées à la personne et à ses besoins que l’on a déterminés lors d’un entretien personnalisé.
Quel genre de suggestions ?
Je demande à la future mère d’imaginer un lieu réel ou fictif où elle se sent bien et qui sera son refuge pendant l’accouchement. Elle peut se trouver sur un nuage, à la montagne, en pleine forêt ou encore dans son salon redécoré. Et dans ce lieu, on va également y amener un objet imaginaire à poser sur la zone douloureuse et qui la soulagera. Ça peut être une couverture chauffante, une baguette magique, un tube de crème.
Cela paraît plutôt accessible…
La seule chose à faire est d’être capable d’aller dans son imaginaire, de rêver, de penser à ses vacances.
Tout le monde est réceptif ?
Ça a toujours marché. On oublie que l’état d’hypnose est un état de rêverie naturel. Lorsque l’on conduit pour rentrer chez soi, que l’on se réveille le matin, on agit machinalement. Les gens sont finalement surpris que ce ne soit que ça.
Pourtant, l’hypnose peut nous faire craindre de perdre le contrôle ?
L’hypnose de spectacle donne cette impression. Le public qui monte sur scène est dans un tel état de suggestivité qu’on va leur faire oublier leur nom, leur faire croire qu’ils sont des poules. Seulement 10 à 20 % des gens parviennent à entrer dans cet état d’hypnose profonde. Dans l’hypnose qui nous intéresse, c’est la personne qui décide.
Les pères font-ils partie du projet ?
Tout à fait. Ils vont participer, permettre à leur femme de se mettre en état d’hypnose. Lors d’une séance ou à la maison, ils répétent les gestes à faire, les mots à prononcer lors de l’accouchement. Ils remplaceront ma voix auprès de leur femme le jour J.
Combien de séances sont nécessaires ?
Trois séances d’une heure et demie suffisent en moyenne pour se préparer. En cas de problème lié à la peur ou à un premier accouchement mal digéré, on peut rajouter une séance.
Quand débuter les séances d’hypnonaissance?
Idéalement, vers les six mois, après l’échographie qui a lieu entre les 24e et 28e semaines de grossesse. A partir de là, on va beaucoup travailler la respiration un peu comme un sportif qui a un challenge.
En 2018, Kate Middleton a accouché sous hypnose de son troisième enfant, le prince Louis. Une bonne publicité, non ?
D’habitude, on parle des accouchements qui se passent mal. Kate Middleton a décidé de vivre une expérience naturelle et a raconté que tout s’est bien déroulé grâce à cette technique qui est l’une des meilleures.
Que diriez-vous à des femmes tentées par l’hypnonaissance ?
Que c’est un bon moyen de maîtriser leurs contractions, de savoir comment se positionner. En phase avec leurs corps, elles vont mieux comprendre leurs sensations et mieux traduire ce que leur dit leur bébé. Par la suite dans leur vie de tous les jours, l’autohypnose peut leur servir dans des moments difficiles, à retrouver le moral et à positiver.
Commentaires