écrit par notre partenaire Anne Jeger, psychologue
Détecter les harcèlements, libérer la parole, permettre aux victimes de trouver l'aide nécessaire, font partie des buts de cette Journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire du 7 novembre 2024.
Pour sensibiliser parents et enfants au harcèlement scolaire, cette journée est organisée chaque premier jeudi du mois de novembre pour rappeler combien la prévention et la lutte contre le harcèlement sont fondamentales pour permettre aux élèves d'avoir une scolarité épanouie dans le cadre de l'École de la confiance.
SI TU ES VICTIME DE HARCELEMENT : PARLE
SI TU ES TEMOIN DE HARCELEMENT : PARLE
SI TU HARCELES UN AUTRE ENFANT ET/OU SI TU ES INFLUENCE : PARLE
L'association VIA à Lausanne propose des ateliers pour les enfants touchés par le harcèlement scolaire
https://association-via.ch/portfolio/
Un article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne.
Elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes confrontés à des ruptures de lien (décès, maladie grave d'un proche, séparation, etc...),
des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, des problèmes relationnels ou des questions existentielles.
Le harcèlement scolaire englobe tout un ensemble de brimades et d’attaques infligées par un ou plusieurs individus sur un autre enfant souvent seul: moqueries, insultes, humiliations, rumeurs, chantages, contraintes, menaces, rejets, isolement, coups.
Le harcèlement scolaire est un problème de société grave qu’il ne faut en aucun cas banaliser.
Il est le plus souvent insidieux. A la différence de la violence physique où l’enfant est marqué de coups, la violence psychologique ne laisse pas de traces visibles.
Il comporte 3 caractéristiques :
1) La violence est fondée sur des rapports asymétriques de domination et d’intimidation
2) La violence se répète (parfois pendant des années !)
3) La violence entraîne l’isolement
On parle de harcèlement moral ou psychologique, de harcèlement physique et de harcèlement sexuel. Le harcèlement moral est le plus fréquent à l’école.
Ministère de l’éducation nationale – 2013
Le harcèlement scolaire touche plus de 10% d’enfants en Suisse.
11% des élèves de 15 ans déclaraient avoir subi des moqueries en 2015 contre 15% en 2019 (enquête PISA publiée en 2019). Ils sont 19% en 2023.
Toutefois, sachant que bon nombre d’enfants et d’adolescents ne parlent pas et n’en parleront jamais - par honte, par peur des réactions de leur parents, des professeurs, ou des harceleurs - les chiffres sont sans aucun doute plus élevés.
Le reportage «souffre-douleur, ils se manifestent» réalisé par Andréa Rowlins et diffusé sur France 5 le 10 février 2015 montre les chiffres importants que représente le harcèlement en milieu scolaire :
D’après le site www.bullyonline.org, les témoins n'interviennent seulement que dans 11 % des cas.
On ne peut pas ne pas évoquer le cyberharcèlement qui est souvent la continuité du harcèlement scolaire. On parle aussi de harcèlement digital.
Le harcèlement commence à l’école et se terminent sur les réseaux sociaux. 40 % des élèves déclarent avoir déjà subi une agression en ligne. L’incitation à la violence y est facile, gratuite et souvent anonyme.
Beaucoup d’enfants/d’adolescents aujourd’hui manquent d’empathie, banalisent la violence, la mettent à distance, car ils y sont confrontés tous les jours via leur téléphone ou la télévision. Les écrans déshumanisent. Des adolescents en arrivent à filmer des agressions physiques et à les poster sur le net – ce qu’on appelle le videolynchage ou happy slapping. On peut se questionner sur le développement psychologique et émotionnel de cette génération-écran.
En France, selon l’UNESCO, + de 12.5% de jeunes entre 9-16 ans sont victimes de cyberharcèlement.
A la différence du harcèlement scolaire, le cyberharcèlement est souvent constant et répétitif car la victime est harcelée 7j/7 – 24h/24.
La dynamique du harcèlement scolaire est complexe.
C’est un processus qui met en scène trois protagonistes : la victime ou la cible, le-s harceleur-s ou les intimidateurs et le-s témoin-s. Le harceleur a « besoin » d’une victime et d’un témoin le plus souvent pour agir. Rare sont les cas de harcèlement isolé. L’auteur va rapidement fédérer d’autres enfants pour participer à son projet de mise à l’écart.
« Le harcèlement existe (…) parce que la victime est perçue comme vulnérable face au harceleur, inférieure psychologiquement, émotionnellement atteinte, affaiblie et impuissante, et donc accessible, facile à atteindre. » (Dr Philippe Aïm). Ce qui fait dire au Dr Aïm et à d’autres spécialistes sur le même sujet qu’un enfant n’est pas harcelé seulement parce qu’il est différent. Car tous les enfants différents ne sont pas harcelés.
Le rire des pairs est l’arme fatale du harcèlement.
Il n’y a pas de victime-type sinon un rejet de la différence qui fait peur et confronte l’intimidateur (« Je ne me reconnais pas en l’autre » ou « J’ai les mêmes fragilités mais je ne veux pas les voir »), et la stigmatisation de certaines caractéristiques comme le surpoids, le handicap, la surdité, le bégaiement, la différence socio-culturelle, le fait d’être efféminé, de présenter des troubles des apprentissages mais aussi le style vestimentaire, le port de lunettes, etc.
Ministère de l’éducation nationale – 2013
MAIS !
Les boucs émissaires agressés sont également ceux qui sont enviés et jalousés: milieu social élevé, réussite scolaire, personnalité solaire.
Ministère de l’éducation nationale – 2013
Il n’y a pas de profil-type du harceleur mais l'intimidateur est souvent celui qui veut que les autres adhèrent aux mêmes normes que lui. C’est lui qui définit les codes du groupe. « Sois tu y adhères, sois tu seras évincé ». Il veut être populaire, montrer qu’il est fort et être ainsi remarqué. Il est perçu comme un leader.
Les enfants «harceleurs» ou "intimidateurs" passent à l’acte pour diverses raisons:
Les enfants qui harcèlent les autres sont en souffrance également, indubitablement. Il ne s’agit pas de diaboliser l'auteur mais de comprendre que cet enfant a souvent été harcelé dans de plus petites classes ou parfois à la maison. A noter que certains d’entre eux font des tentatives de suicide à l’âge adulte. Se rendant compte que, via les actes qu’ils posent ils arrivent à faire peur ou croient qu’ils se font respecter ainsi, ils développent un sentiment de toute-puissance qui, s’il n’est pas stoppé net par l’adulte, va perdurer et devenir de plus en plus important et destructeur (peut augurer des comportements délinquants ultérieurs). Il est nécessaire qu’ils soient aidés pour prévenir des actes plus violents voire pervers. Car certains d’entre eux n’ont pas intégré la loi, ont peu de sensibilité et d’empathie et ont parfois - mais rarement - un plaisir sadique à faire mal à moyen terme. Dans le pire des cas, le plaisir de détruire. Ils ont besoin d'un soutien psychologique car ils sont en souffrance.
"Dans la pratique du harcèlement, la haine de soi est projetée sur l'autre (...) On harcèle celui qui nous pose question, qui vient réveiller une souffrance qu'on croyait enfouie, voire inexistante, et que le sujet harcelé fait ressurgir. Le harceleur a un compte à régler, une blessure personnelle à panser (...) Il y a une volonté de détruire celui qui est désigné comme bouc émissaire, car on le soupçonne de réussir là où le groupe harceleur échoue ". Camuset & Zampirollo
La haine de soi est tellement insupportable qu'il la projette à l'extérieur. Il refuse de la voir et donc ne se remettra pas en question à moins d'être capable d'introspection et de développer la capacité de se mettre à la place d'autrui. Certains y parviennent, parfois des années après le harcèlement.
Comment se rendre compte que son enfant est harcelé? quels signes?
Seule à la récré La vie pourrait être parfaite pour Emma. Mais voilà, il y a Clarisse. Et Clarisse lui fait vivre un enfer à l'école. Elle a même réussi à monter les autres élèves contre elle. Ses parents ne remarquent presque rien, si ce n'est son changement de comportement. Et les maîtresses ne prêtent pas attention à ce que l'on pourrait prendre pour « des jeux », mais qui relève de quelque chose de beaucoup plus grave. Un album sensible, fin et drôle sur le harcèlement scolaire, un problème de plus en plus fréquent dans notre société.
Qu'est-ce que la harcèlement scolaire? Cpmment ça se passe? Dans quels endroits de l'école? que se passe-t-il dans la cour de récré? Écrit par une psychopraticienne, ce livre très intéressant, après avoir expliqué ce qu’est le harcèlement, décode ce qui se joue en cour de récréation et comment se construit la popularité de l’enfant. En expliquant aux parents comment prendre la bonne distance pour éviter la surprotection, il donne des pistes concrètes pour apprendre à l’enfant à se défendre lui-même. Un excellent livre qui saura bien outiller les parents.
Commentaires
Je fais mon TA sur les mesures prises contre le harcèlement scolaire et ma question était qu'elles mesurent sont prise mise à part les psychologue, médiatrice etc ainsi que les mesures non suffisante.?
Merci d'avance pour vos réponses.
Je vous conseille clairement de porter plainte, c'est la meilleure façon de faire réellement bouger les choses. Des groupes de la gendarmerie sont spécialement formés et dédiés a ces problématiques. Ces comportements sont graves et lourds de conséquence, ils ne doivent pas être "tolérés" ou minimisés du fait du jeune âge des enfants.
Bon courage à vous et votre fille.
"Bonjour,
Notre fille de 6 bientôt 7 est victime d'harcèlement verbale et physique par un autre enfant qui n’est pas dans sa classe depuis l’année dernière et nous avons à plusieurs reprises vu avec la maîtresse de notre fille et de l’autre enfant mais aucune disposition n’a été fait.
Un jour mon mari a de nouveau été se plaindre et parler à l’enfant afin qu’il cesse cela au plus vite et seul décision du directeur c’est qu’il ne soit pas dans sa classe l’année prochaine.
Or nous sommes à quelques jours de la rentrée scolaire et l’enfant recommence ses agressions avec des claques.
Nous sommes en colère et nous voulons dépose plainte. Que faire ?... "