Un article proposé en collaboration avec Annick Pochet
Thérapeute en psychologie systémique
Thérapie familiale, individuelle et de couple
Genève
https://therapeute-systemique.com/
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«À la maison tout le monde se hurlait dessus, la plus jeune n’allait plus en cours», raconte Annick Pochet, thérapeute à Genève. «Je leur ai proposé que la cuisine soit l’endroit où on ne crie plus». Intervenir sur le lieu familial, est une manière de mieux capter les problèmes pour la spécialiste en thérapie systémique. «Dans 95% des cas, il s’agit d’un jeune qui part en "live ". Alors que dans un cabinet, il se serait refermé comme une huître, chez lui en général, il est plus réceptif», analyse Mme Pochet. La thérapie systémique se différencie d’une psychanalyse ou d’une psychothérapie, en prenant l'individu dans son environnement. «On ne va pas aller explorer le passé de chacun, savoir ce qui s’est passé dans l’enfance. On traite un problème précis, à un endroit et à un moment donnés», résume la coach. Alors que rien ne laissait présager de telles tensions, et après avoir testé bien des solutions sans résultat, les parents font appel à un professionnel pour les aider.
Quand l’enfant grandit, rentre dans l’adolescence, de nouveaux challenges se présentent à lui. «Au collège, au lycée, on leur demande d’être autonomes, de savoir ce qu’ils veulent faire dans la vie. Ce sont des années charnières et c’est compliqué», observe Annick Pochet. Ajouter à cela, une vie sexuelle naissante et vous avez tous les ingrédients de la crise adolescente. Dans un contexte économique difficile, les parents inquiets, s’emploient à trouver des stratégies pour provoquer le déclic. Après avoir encouragé, fait appel à des répétiteurs, joué sur tous les registres de l’autorité, puni, confisqué, interdit, ils se retrouvent démunis quand ça ne marche pas. «Les parents m’appellent quand il y a un épuisement familial» note Mme Pochet. Ils ont cherché par eux-mêmes et finissent par culpabiliser, se demander ce qu’ils ont raté. Se sentant remis en cause, les parents sont renvoyés à leur propre histoire, à leur adolescence et à leurs échecs. «Ils ont beau tout faire, ils oublient que leur enfant est un être humain à part entière», rappelle la thérapeute. La vraie question est de savoir si l’enfant est d’accord sur le le chemin qu’on lui propose, de l’associer à son avenir et de ne pas décider pour lui.
La thérapie familiale redonne la parole à tous. «Souvent les parents ont des attentes à l’extrême opposé des jeunes, souligne la coach. Entendre tout le monde aide à rétablir le contact». La médiation est un exercice d’équilibre car tout en étant du côté des parents, le thérapeute n’est pas là pour répondre à leurs exigences. «Quelquefois certains parents pensent que je vais convaincre l’enfant dans leur sens, remarque Mme Pochet. Moi, mon rôle est de le faire repartir quelle que soit la direction». Ecouter plutôt que contraindre peut s’avérer douloureux quand on a placé beaucoup d’espoirs. «En Suisse, ce qui fait peur aux parents, c’est l’apprentissage, confie Annick Pochet. Or il n’y pas de mauvais choix, de mauvaise piste». L’intervention d’un spécialiste aide au changement, facilite la relation mais ne déplace pas les responsabilités. Les parents restent les maîtres à bord et doivent continuer de s’investir pour endiguer toute dérive. La famille est une cellule vivante qui doit s’adapter pour survivre aux changements. Pour trouver une nouvelle manière de fonctionner, l’écoute, le dialogue sont préférables à la pression, aux ultimatums.
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