Un article proposé par Annick Pochet, Thérapeute en psychologie systémique
Thérapie familiale, individuelle et de couple à Genève
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La scolarité des enfants est un élément central dans la vie d'une famille, et ce, quel que soit l'âge des enfants. Lors de leur parcours scolaire, les enfants vont "ramener" l'école à la maison. Il suffit que ce parcours devienne difficile, voire chaotique, pour qu'il mobilise une énorme énergie et attention de la part des parents. Beaucoup d'enjeux familiaux vont se cristalliser autour de tout ce que représente et incarne l'école pour chacun des membre de la famille.
Un système est un ensemble d'éléments en interaction. La viabilité du système implique que ces interactions durent un certain temps et que les éléments présentent certaines affinités pour maintenir la communication et la liaison entre eux. Un système est défini comme tel car il se distingue du contexte dans lequel il existe et communique.
On peut donc considérer que la famille est un système, ainsi que l'école. Chacun de ces 2 systèmes distincts ont des sous-systèmes: comme les élèves, les enseignants, la classe, pour l'école, et les parents, la fratrie, pour la famille. Tous les éléments de chaque système sont en interaction et s’influencent mutuellement.
Vous aussi en tant que parent avez vécu "l'école". Quel souvenir en gardez-vous?
L'école a un rôle fondamental dans la sociabilisation d'un enfant, dans la construction de sa confiance en lui, ainsi que dans sa valorisation. Les expériences scolaires vécues par chaque parent vont constituer leur propre représentation de l'école et déterminer leurs attentes et leurs craintes actuelles. Echecs ou réussites scolaires vont donner une qualité émotionnelle spécifique à leur relation avec l'école. Parfois la difficulté scolaire est en résonance avec un vécu particulier dans la famille. Par exemple, une séparation de la part des parents, un retour au travail de la mère, la perte d’emploi du père, etc.
Je pense à cette maman qui a une profession qui lui permet de mener un train de vie assez luxueux et qui explique à sa fille de 15 ans, en échec scolaire, qu'elle aussi n'a jamais réussi à l'école. Que c'était pas son truc et qu'elle a tout appris sur le tas. Elle demande en parallèle à sa fille de travailler à l'école, sinon elle ne fera rien de sa vie. L'adolescente devait donc composer avec ce double message qui est celui de la réussite matérielle de sa mère qui n'avait rien à voir avec l'école et le discours de cette dernière lui disant que la réussite passait par l'école...
Aujourd’hui, dans nos sociétés développées, la scolarité est devenue, dans presque tous les milieux, la tâche essentielle des enfants: on demande d’abord à un enfant de «bien travailler à l’école».
Le plus souvent, même, on ne lui demande que cela. Le travail scolaire est ainsi devenu sa plus importante source de reconnaissance, sinon la seule.
Est-ce que les parents donne autant de reconnaissance à leur enfant dans ses autres activités (extra-scolaires par exemple) que celles liées aux apprentissages scolaires? Et à travers cette reconnaissance, celle de la famille qui vit la difficulté scolaire comme un dysfonctionnement de tous les membres. C'est un échec pour tous. Il est donc impossible aux parents de laisser un enfant échouer à l'école.
Quoi qu'il en soit, les 2 systèmes, scolaire et familial, ont en charge une tâche commune, qui est celle de l'éducation des enfants et doivent trouver des formes d'organisation du travail, de communication, de cohabitation.
Il y a également une attente légitime des parents envers l'école. Ces derniers veulent que les enseignants transmettent du savoir et du savoir-faire à leur enfant. Et c'est bien souvent des sujets de controverse. Les critiques des parents sont axées sur les méthodes pédagogiques, l'attitude de l'enseignant, les matières enseignées, le fonctionnement de la classe, etc.. Et surtout, sur l'évaluation des capacités et compétences de leur enfant, sanctionné par les notes et par l'obtention ou pas d'un diplôme. En fonction de l'émotion engendrée chez les parents par les difficultés de l'enfant, ils vont soient collaborer avec l'école (devoirs à la maison), soit lutter contre elle en tentant de devenir eux-mêmes des enseignants à la maison et penser ainsi palier aux problèmes.
L'objectif est de prendre en compte les 2 systèmes et leurs interactions. De voir quels sont les enjeux et quelles sont les difficultés qui persistent dans le temps, aussi bien pour l'enfant, que pour la famille.
En général, un fonctionnement, même néfaste pour celui qui le produit, a une raison d'être s'il est maintenu dans le temps. Lorsque la demande vient de parents faisant face aux difficultés scolaires de leur enfant, je prends en compte le contexte dans lequel le problème existe, tant au niveau du système scolaire que celui du système familiale, ainsi que des liens et interactions entre eux.
On sait qu'il est extrêmement difficile d'envisager un changement du système scolaire en tant que tel. Il faut également prendre en compte que chaque enseignant a aussi sa propre histoire familiale et scolaire avec laquelle il va composer pour enseigner.
Je me suis rendue compte également que certains enfants "décrochent" car ils n'ont pas compris le fonctionnement du système scolaire, ni ce qu'on attend d'eux véritablement. Il y a un trop grand décalage entre ce qu'ils vivent hors de l'école, leur compréhension de la vie et le système scolaire. Ils n'arrivent pas à faire de liens et ne mesurent pas l'importance de ce qu'implique l'école.
Il sera donc plus facile de mettre en place des outils et des stratégies d'aide à la maison afin de redonner à la famille suffisamment de créativité pour pouvoir aider l'enfant dans son parcours scolaire. Cela implique du dialogue entre tous les membres du système familial et sa capacité de remise en question.
Chaque demande d'aide est spécifique puisqu'elle tient compte de la famille, de ses fonctionnements, et du moment où elle demande de l'aide. Le blocage survient à un âge bien précis de l'enfant, dans un contexte bien particulier, faisant suite à une histoire spécifique. Et c'est bien tous ces éléments qu'il va falloir décortiquer pour donner un nouvel élan aux apprentissages.
On a tout essayé. La carotte et le bâton. Parents et enseignants sont à bout. " Pas si grave, rassure le Dr Olivier Revol, psychiatre pour enfants, qui dirige le Centre de référence des troubles d'apprentissage à l'Hôpital neurologique de Lyon. On peut guérir de l'échec scolaire.
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