En suisse, le plurilinguisme définit ses habitants autant que ses lacs et ses montagnes.
Apprise tôt, une autre langue aide l’enfant à voyager et à s’ouvrir aux autres.
A Genève, les ateliers d'anglais ou d'allemand, les camps langues et sports, les garderies ou écoles bilingues sont nombreux. Ils sont autant d'atouts que les parents donnent à leurs enfants pour apprendre l'anglais ou l'allemand ou une autre langue, et les familiariser avec des sons dès le plus jeune âge
Avec ses vingt-six cantons et ses quatre langues nationales que sont l'allemand, le français, l'italien et le romanche, la Suisse est une terre multiculturelle riche, mais complexe. La langue est à la fois un enjeu économique et culturel, objet de toutes les attentions éducatives. Depuis plusieurs années déjà, de nombreux cantons harmonisent leur apprentissage et désormais dès l’école secondaire (9e H), les enfants apprennent deux langues étrangères, une deuxième langue nationale et l’anglais.
Une immersion précoce favorise une meilleure compréhension au quotidien avec son voisin romand, alémanique, italien, mais assure aussi à plus long terme, la cohésion nationale. En plus de développer ses capacités relationnelles, l’enfant une fois adulte aura grâce à ce passeport linguistique, des opportunités professionnelles sur l’ensemble du territoire et au-delà.
A la maison, dans un couple mixte, les parents doivent s’attacher à s’exprimer chacun dans sa langue maternelle.
Le modèle «une personne, une langue», évite les confusions et permet à l’enfant une meilleure compréhension. Pour son identité comme pour l’équilibre familial, avoir deux univers n’est pas un handicap mais une chance. S’en priver serait le couper en deux, lui qui est après tout, le fruit de deux histoires. Il ressentirait plus tard un manque, celui de ne pas pouvoir communiquer avec des grands-parents, des oncles, des cousins.
En Suisse, la volonté de promotion du bilinguisme peut se heurter à des freins culturels. Les francophones ressentent parfois le sentiment de «germanisation», quand les régions alémaniques vont choisir le français…après l’anglais. Ouvert, tolérant, le plurilinguisme suisse est un patchwork interculturel qui résiste aux vents de la mondialisation sans couleur, ni odeur.
L’enfant est curieux de tout et son cerveau assimile les langues sans forcer. Avant même l’école et ses livres, il va trouver dans le jeu, la motivation d’échanger avec ses petits camarades. «Cuisine, bricolage, préparation d’un spectacle, nous encourageons les enfants à pratiquer et à s’exprimer en anglais tout en s’amusant», confie Sarah Pralong, directrice de Key English School, à Genève et sur le canton de Vaud, à Lausanne et Bussigny. Plus que de simples cours, l’accent est mis sur des activités qui rendent une langue vraiment vivante. Dès 3 ans, quelques heures par semaine, des parents exigeants misent sur cet apprentissage naturel pour donner à leurs enfants le goût des langues. En matière de bilinguisme, le talent n’attend pas le nombre des années.
François Jeand’Heur
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