Notre expert
Peur: transmission de ses propres peurs à ses enfants

Un article proposé par Annick Pochet, Thérapeute en psychologie systémique
Thérapie familiale, individuelle et de couple à Genève
https://therapeute-systemique.com/
https://www.elearning-teacher.info/

     

Il n'y a rien de plus transmissible que les émotions. Le monde du cinéma l'a bien compris! On va voir un film en espérant que les émotions provoquées par les acteurs et l'histoire du film nous transportent. L'art en général est un support idéal pour les émotions. Au niveau du cerveau, le système limbique est le siège des émotions positives, comme négatives.

La peur, le stress, les angoisses, tous ces mécanismes sont issus du même moteur neurologique qui est celui de la peur. Selon des études scientifiques, la peur aurait même une odeur. Ne dit-on pas qu'il faut se tenir tranquille face à un chien menaçant, sinon il va "sentir" qu'on a peur.

Un parent qui est inquiet, anxieux ou angoissé pour son enfant, va automatiquement lui transmettre ses émotions. Il passera, par exemple, son temps à aller voir le bébé dans sa chambre pour être sûr que tout va bien, déclenchant chez ce dernier un réflex de réveil pour rassurer le parent (et, oui! même les bébés interagissent avec les émotions du parent). Ou retarder le plus longtemps possible l'autonomie de son enfant par peur que ce dernier ne se blesse si jamais il faisait telle ou telle activité.

Les mots ou les réactions non adéquats que le parent angoissé adoptera dans diverses situations, vont engendrer de l'incompréhension chez l'enfant et lui faire penser que tout est dangereux. Quand les enfants sont petits, ils ne vont pas savoir gérer ces réactions et vont à leur tour, devenir inquiets, anxieux ou angoissés. Les conséquences chez l'enfant peuvent avoir un effet de blocage, de repli sur soi, d’inhibition importante voir massive.

Une maman m'explique un jour que depuis toute petite, sa mère l'a surprotégée. Elle a toujours beaucoup de mal à être sereine, car tout dans sa vie est anxiogène . Avec ses enfants, elle ne peut pas s'empêcher de reproduire le même schéma. Elle n'a jamais pu les confier à une nounou, ou les laisser aller seul à l'école qui est à 100m de la maison, ou dormir chez un copain. Les enfants ont développé des comportements de forte anxiété et de repli sur soi. La maman m'a demandé de l'aide par ce qu'elle s'inquiète pour leur avenir... :-)

Ces enfants grandissent avec un très fort handicap d'adaptabilité aux différents systèmes dans lesquels ils doivent évoluer (scolaire, amical, social, sportif...). Ils transportent tous les jours dans leur cartable cette angoisse qui est régulièrement contredite par ce qu'ils vivent ailleurs qu'avec le parent anxieux. Ils sont donc régulièrement soumis à des contradictions: "Maman nous a dit que faire telle chose était risquée...mais à l'école, la maitresse nous le fait faire tout le temps et il ne s'est jamais rien passé!"

Quand ce mécanisme dure dans le temps, il ancre chez l'enfant des reflexes de fonctionnements néfastes pour son développement psychique, relationnel, et parfois même physique.

Pour permettre d'enrayer le processus, il faut que la thérapie soit familiale, englobant éventuellement la famille élargie, si le schéma dysfonctionnel y existe aussi et touche directement les enfants.  Les outils systémiques que j'utilise, comme le conte, les métaphores, la visualisation, et bien d'autres, ont le mérite d'être simples et efficace.

Comme dit Marcel Ruffo: "Parent, cessez d'angoisser vos enfants!"

         
Annick Pochet, 
Thérapeute en psychologie systémique à domicile
                                        

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