Quelle spiritualité transmettre à ses enfants ?

En cette période de Noël, la question de la spiritualité et de sa transmission aux enfants est plus présente.

La spiritualité est intimement liée à l’idée de souffle. En latin, le mot spiritus désigne à la fois l’esprit et le souffle vital. Sans souffle, il n’y a pas de vie : il est l’essence même de l’être. Selon le récit de la Genèse, l’humain est façonné à partir de la glaise et animé par le souffle divin. Ainsi, l’homme n’existe pleinement qu’à travers cette dynamique entre matière et esprit.

Dès notre naissance, nous faisons l’expérience de cette dimension spirituelle. Lorsque le lien physique immédiat avec la mère est rompu, nous sommes confrontés pour la première fois à l’air, cet élément vital qui ne peut être possédé par personne. Ce premier souffle, à la fois douloureux et libérateur, marque l’entrée dans une relation avec l’extérieur. Respirer, c’est vivre dans une alternance constante d’ouverture et de fermeture, dans un équilibre entre soi et l’autre. Cela souligne notre dépendance fondamentale à ce qui est au-delà de nous : à l’Autre et aux autres.

Spiritualité et religion : un dialogue nécessaire

L’être humain est un carrefour où se croisent les générations. En tant que nœud de participations, nous ne vivons pas isolés : notre existence est tissée des relations et des transmissions venues de ceux qui nous ont précédés. Cela se manifeste dès les religions les plus anciennes, qui traduisent la quête humaine de sens et de lien.
Les religions sont le langage, les habits de la spiritualité dans la mesure où nous ne sommes pas de purs esprits. L’incarnation est une condition nécessaire de notre humanité. 

On ne peut réinventer à chaque génération à partir de rien, il y a donc un devoir de transmission.

Cette transmission passe par des langages, des pratiques et des rites qui sont nécessaires pour communiquer : nous devons faire avec ces langages, pratiques et transmissions desquels nous sommes nés et qui font également partie de notre héritage culturel. La littérature, la musique, l'architecture sont truffées de références spirituelles et religieuses constituant nos références en matière de culture générale.

Ces transmissions sont essentielles : elles permettent de partager, de structurer et de perpétuer cette quête de sens à travers les âges.

Cependant, cette transmission soulève des questions cruciales, surtout dans un monde où la foi traditionnelle n’est plus un cadre évident pour beaucoup.

Que transmettre quand on ne croit plus ?

Lorsqu’on perd la foi dans les dogmes ou les institutions religieuses, la transmission ne s’arrête pas pour autant. Il reste à partager des valeurs fondamentales, des récits fondateurs ou des pratiques porteuses de sens, même sous une forme renouvelée. Transmettre n’est pas uniquement reproduire à l’identique, c’est aussi faire émerger des éléments qui résonnent avec les sensibilités contemporaines.

Comment rendre la transmission attractive lorsqu’on est croyant ?

Le défi consiste à adapter le message sans le trahir. Rendre une spiritualité accessible ou « fun » peut passer par des approches créatives : moderniser les rites, inclure des expressions culturelles actuelles ou miser sur l’expérience personnelle et communautaire. L’essentiel est de susciter un intérêt authentique auprès de ses enfants, en gardant la profondeur du message intacte.

Peut-on "mélanger les genres" ?

Aujourd’hui, de nombreuses personnes s’inspirent de diverses traditions spirituelles pour créer une pratique qui leur est propre. Ces hybridations très personnelles reflètent un besoin de trouver du sens dans un monde globalisé.
Si ce mélange peut enrichir, il demande aussi une attention particulière lorsqu'il s'agit de transmettre quelque chose à ses enfants, pour éviter la superficialité ou l’appropriation décontextualisée.
Il convient donc, dans ce type de transmission d'être attentif à rester authentique, et d'éviter de "mélanger les genres"

Une quête universelle et personnelle

La spiritualité, qu’elle passe par une religion ou non, demeure un besoin fondamental de l’humain. Elle est cette respiration qui nous relie au-delà de nous-mêmes, cette oscillation entre la matière et l’esprit, entre l’individuel et le collectif.
Transmettre cet élan vital est un défi perpétuel, mais aussi une opportunité de tisser des ponts entre les générations et les cultures. L’essentiel est de trouver des formes adaptées à notre époque, capables de nourrir ce souffle universel qui habite chaque être.

En cette période de Noël, une idée pour transmettre sa foi: lire aux enfants des textes de la Bible, réécris pour les enfants.