Entreprenariat: les baby-entrepreneurs à Genève

De l’idée au pitch de présentation, la jeune génération s’initie à l’entrepreneuriat. Au programme, imagination, cohésion et persévérance.

Brainstormer, établir un business plan, ça ne leur fait pas peur. La quinzaine de garçons et de filles ont entre 9 et 11 ans et jouent le jeu à fond dans ce camp d’été. «Ils se lancent sans hésitation, confirme Beth Krasna, la fondatrice de l’association Oser Entreprendre, basée à Chêne-Bougeries. Ils n’ont pas de barrière et font preuve d’un maximum d’imagination.»
Durant cette semaine d’activité, ils sont quand même un peu impressionnés d’être accueillis dans le campus Biotech de Genève et d’être plongés ainsi dans l’univers des grands. Sauver les orangs-outans, élaborer un robot baby-sitter ou une plate-forme d’enseignement à distance pour les enfants malades sont quelques-unes des suggestions soumises par les jeunes eux-mêmes.
«Ils vont chercher à se positionner par rapport à la concurrence, se mettre à la place du client, se demander pourquoi il achèterait leur produit, explique Mme Krasna. Ils vont devoir définir tout ce qu’il faut pour passer de l’idée au projet, à qui réclamer de l’argent et combien.»  

Par exemple, le groupe de garçons à l’origine du robot baby-sitter est parti poser des questions aux mamans qui déjeunaient à la cafétéria et ont récolté des informations précieuses sur le sujet. L'idée initiale évolue, s’enrichit au fur et à mesure, rencontre aussi des obstacles. Se confronter à la réalité du marché oblige à revoir sa copie et à l’améliorer constamment. Pour les apprentis entrepreneurs, il faut apprendre à rebondir, à persévérer, à rester solidaires dans les moments de découragement. En suivant leurs propres idées, ils se montrent motivés, confiants et s’impliquent davantage.

Méthode et esprit d’initiative

Depuis 2015, Graines d’Entrepreneurs dispensent aux jeunes entre 10 et 18 ans, le même programme – en simplifié – que celui des étudiants de troisième année à l’université ou à HEC. «Démarrer un projet est pour eux comme une montagne infranchissable, observe ​​Laurence Halifi, co-fondatrice du projet.

A la fin des ateliers, ils voient ça plutôt comme un escalier à gravir.» Le champ d’exploration va de l’innovation au marketing en passant par la communication. Les enfants en ressortent avec entre les mains, le même business plan qu’un entrepreneur lambda qui déposerait son dossier auprès d’une banque. En attendant d’en arriver là, les jeunes  planchent d’arrache-pied sur leur projet, recherchent des partenaires, réfléchissent sur les canaux de distribution, établissent un budget avec les coûts et les revenus supposés. Et assimilent aussi des choses toutes simples. «On leur apprend à faire leur premier mail avec un bonjour, détaille Mme Halifi. Ensuite, ils doivent se présenter, formuler leur requête et enfin remercier leur interlocuteur.»

La meilleure idée ne peut voir le jour sans respecter certaines règles de base. Les propositions retenues sont utiles ou fun mais répondent toutes à une problématique identifiée. Comme ce jeune qui a imaginé le "Uber de la déchetterie", un système de collecte des déchets en réseau. D’autres ont conçu une application pour établir un pré-diagnostic de dyslexie ou pour lutter contre le harcèlement de rue.

Ces cours d’entrepreneuriat ont été adoptés par plusieurs établissements privés romands comme le Collège du Léman à Versoix, l’Institut International de Lancy ou l'école Moser à Chêne-Bougeries. Les responsables de ces lieux ont tout de suite adhéré et ont intégré les ateliers dans leur cursus scolaire ou en extrascolaire. Au final, que les jeunes créent ou non leur entreprise plus tard n’est pas le plus important. Quoi qu’il leur arrive, en tant qu’employé au sein d’une société ou même dans leur vie privée, ils sauront faire preuve d’initiative, oser mener à bien un projet. Avoir une vision à 360°, savoir s’adapter sont des compétences indispensables dans un monde qui bouge sans cesse.

François Jeand’Heur

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